lundi 19 mai 2008

> Pour une diffusion de l’Etat dans la société.

Liberté, Egalité et Fraternité, sont le triptyque de notre République. Dès que l’un prend le pas sur l’autre, l’édifice se fissure... C’est cet équilibre subtil que doit garantir notre Constitution.

La première constitution (1791) s’appuyait sur les idées libérales issues des courants de pensée des Lumières. Cette première constitution impliquait la séparation des pouvoirs et la décentralisation. Or, petit à petit et insidieusement, au fil des Républiques successives, l’Etat a subtilisé le pouvoir du citoyen lui donnant en contrepartie le mirage de l’égalité. Le citoyen, en se laissant plus ou moins consciemment délester de ses pouvoirs, a, en quelque sorte, accepté d’échanger sa citoyenneté contre un certain bien-être, qui l’entraine vers l’individualisme et le désintérêt de la chose publique. De fait, il a aussi accepté de perdre son statut de Citoyen pour ne devenir qu’un simple administré. Cette perte de liberté au profit de l’égalité, même si elle est un mal dont souffrent beaucoup de démocraties modernes, est d’autant plus marquée en France que nous évoluons dans un système hyper centralisé, héritage direct des Jacobins, qui, à chaque réforme s’ancre de plus en plus dans notre Constitution. Peut être que cet ancrage sera encore plus marqué demain par les modifications voulues par Nicolas Sarkozy.

Voici d’ailleurs quelques mesures qui sont envisagées dans la réforme à venir :

• « Le Président de la République peut prendre la parole devant l’Assemblée National. Cette prise de parole peut donner lieu à un débat, et non à un vote. »
Quid de la séparation des pouvoirs ? C’est une des réforme qui va à contresens, car cette précaution des constitutionalistes avait du bon sens, puisqu'elle résultait de la volonté d’empêcher un président influent (par exemple un hyper président) de tenter de manœuvrer l’ensemble des députés ou sénateurs.

• « Les candidats à la présidentielle seront sélectionnés non plus par parrainage mais sur un collège de 100 000 élus. »
Cela signifie que pour pouvoir se présenter à la présidentielle, il faudra passer par des réseaux. Donc, un citoyen qui n’a pas d’appuis politiques, ou capable de s’assurer d’un réseau d’élus, ne peut envisager une candidature. Ceci ne peut que limiter l’émergence de nouvelle tendance, donc moins de pluralisme. D'ailleurs, qui vont être ces "supers élus" ?…

• « Sauf cas de désynchronisation des calendriers, organiser le premier tour des élections législatives le jour du second tour de l'élection présidentielle. »
Ceci apparait quasiment être un coup d’état. Car quel électeur logique avec lui même votera d'un côté pour un président bleu et de l'autre pour un député orange ou rose ou vert ?... Cette concomitance des élections nuit au pluralisme et à la représentation… On peut s'interroger sur une inversion "complète" du calendrier actuel (législatives précédant la présidentielle). Mais pas question d'un 1er tour de l'une le jour de second pour l'autre...

• « Part de proportionnelle pour assurer une représentation à l’Assemblée Nationale des petits partis qui auront plus de 5% des suffrages. »
20 à 30 sièges sur 577, voilà une vision du pluralisme bien limitée… Une proposition "pour l'affichage" et visant à empêcher quasiment toute possibilité d'une groupe parlementaire supplémentaire... On ne peut plus démagogique...

Ce projet de réforme constitutionnelle apparait comme un nouveau leurre. Celui-ci n’autorise pas une expression plus satisfaisant du pluralisme, ni une représentation réelle des citoyens, alors même que celle-ci fait partie des attentes des Français. Enfin, elle ne garantira pas plus la séparation des pouvoirs. Elle ne donnera au contraire que plus de pouvoir aux plus forts. En obligeant les "petits" partis à l’allégeance ou à l ‘inexistence ? Elle renforcera le rôle du Président et le pouvoir de l’Exécutif qui ont déjà un pouvoir exorbitant sur le corps législatif. Certes un parti se disant centriste, et cherchant son nom..., envisage de faire bonne figure en défendant la proportionnelle, mais il le fait à reculons tout en déclarant que même si l’amendement est rejeté, ils voteront quand même la réforme pour ne pas froisser leurs "amis de la majorité"... Voilà bien l’exemple le plus flagrant du rôle laissé aux petits partis, un simple facteur d’ajustement électoraliste…

La solution ne peut que passer par une réforme bien plus profonde de notre Constitution. Celle-ci doit reprendre les bases de la démocratie à savoir ; la représentation équilibrées des courants, la séparation des pouvoirs, l’instauration de contrepouvoirs efficaces, et surtout une déconcentration et/ou une décentralisation par le développement des "corps" intermédiaires (syndicats, mutuelles, associations…) qui impliquent les citoyens.

En clair, une constitution qui permette à l’Etat de diffuser dans la société et non l’inverse...

vendredi 16 mai 2008

> Transports et environnement…

Le transport est un acteur majeur de la vitalité économique et de l’aménagement de notre territoire mais il est potentiellement créateur de nuisances, comme le fameux gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique.

Le gouvernement a bien tenté au travers, notamment de son grenelle de l’environnement, de fixer des règles comme celle d’attribuer un bonus ou un malus aux véhicules achetés neufs ou d’occasions lors de la réalisation de la carte grise. Cette taxe est pour le moins discutable sur le fond puisque l’on sait qu’une voiture rejette en moyenne 150 g de Co² / km contre 800 à 900 g pour un camion en fonction de son tonnage… Sans compter que les véhicules bénéficiant de ce « bonus écologique » sont très souvent de petites cylindrées ne présentant que 3 ou 4 étoiles aux crash-tests Euro-Ncap ! En conséquence on pourrait presque dire que d’une part le gouvernement veut renforcer la sécurité routière (cela ne doit pas seulement passer par la répression et la dissuasion des forces de l’ordre), et que d’autre part des mesures incitent à acheter des véhicules moins « sécurisants »…

Le gros problème d’émission de gaz à effet de serre provient davantage des transports de marchandises qui se font à 80 % par la route, contre à peine 12 % par le train en moyenne sur le territoire national. Dans les Vosges, notamment la 3ème circonscription, les chiffres sont encore plus criants puisque nous n’avons logiquement ni transports fluvial et aérien mais que le fret SNCF est pour ainsi dire réduit à néant depuis la fermeture de la gare de Remiremont aux marchandises depuis décembre 2004… sans parler de l’arrêt depuis bien longtemps de tout trafic ferroviaire dans les vallées de la Moselle, Moselotte et Vologne (dans sa partie supérieure) !

Des collectifs, comme TG2V à Gérardmer, se montent pour interpeller les élus locaux et régionaux, mais ont-ils vraiment l’intention de faire avancer le débat ?

Avec la fermeture temporaire du tunnel Maurice Lemaire, ce ne sont pas moins de 6500 poids lourds qui franchissent quotidiennement nos cols vosgiens. Pour le seul col de Bussang c’est 2300 PL / jour, lorsque l’on sait que les convois de plus de 19 T sont interdis de 22 h à 6 h, on peut presque affirmer que cela représente 150 camions par heure en moyenne ; c’est invivable comme notamment au Thillot où décibels et air pollué rendent la vie des habitants particulièrement pénible…

L’enjeu des prochaines années sera donc bien de répondre à la demande de mobilité croissante tout en minimisant les incidences sur l’environnement ! Plutôt que de développement durable nous devrions ici parler de développement vivable !

> La Faim doit elle justifier les moyens ?

C’est bien la question que nous devrions nous poser, nous pays riches qui non contents d’exploiter les richesses de l’Afrique, sommes en train d’affamer son peuple à grands coups de biocarburant et de spéculation à terme sur les céréales…

Que penser d’un FMI et de la Banque Mondial qui demandent aux agriculteurs du Sénégal ou du Cameroun d’abandonner leurs terres , c'est-à-dire de confier leur garde manger aux grands céréaliers occidentaux, sous prétexte que ceux-ci sont mécanisés et donc plus productifs. En contre partie ils peuvent grossir les bidonvilles pour travailler comme ouvrier dans des entreprises occidentales, fournissant pas ce biais une main-d’œuvre bon marché.

Tous ces Etats qui ont suivi les consignes du FMI n’ayant plus de récoltes, sont maintenant obliger d’acheter leur nourriture au prix fort, avec la hausse des courts des céréales, soit une facture qui a augmenté de 56% en un an ce qui pour ces états est insupportable.

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui nourrit chaque année 70 millions de personnes dans près de 80 pays ; a réclamé 500millions de dollars supplémentaire pour compenser ces hausses des courts. Ses prétentions ont été jugés trop fortes, et le PAM n’a obtenu que 250 millions de dollars de rallonge.

500 millions de dollars, c’est vrai que c’est une somme énOOOrme !…
C’est un millième de se que va couter la crise des subprimes aux banques, et c’est quelques heures de guerre en Irak.

Pendant des années, les pays d’Afrique ont servis de facteur de régulation pour maintenir les cours des céréales en permettant aux producteurs d’écouler leurs stocks. Aujourd’hui, il y a de moins en moins de stock, mais cette crise génère des profits faramineux ; pour exemple les céréaliers français ont en moyenne doublé leurs revenus en 2007 ; quand aux intermédiaires ils enregistrent des bénéfices pharamineux.

Trente sept pays sont menacés par cette crise alimentaire, il faut ne faut même plus se poser la question, nous devons cultiver les jachères, regonfler les stocks pour casser la bulle spéculative, et surtout redonner les moyens à ses pays de relancer leur agriculture vivrière.

mercredi 7 mai 2008

> Droits de l'Homme : bilan d'un an sous l'ère Sarkozy

Dans son rapport annuel, la Ligue des Droits de l'Homme dénonce une aggravation des atteintes aux droits et aux libertés en France. Quel est le bilan de la première année du mandat de Nicolas Sarkozy en termes de droits de l'Homme ? Pourquoi évoque-t-on l'asphyxie de la démocratie ?

LA RUPTURE

Le rapport évoque un "présidentialisme de rupture" : aucune institution démocratique n'a résisté à l'agitation de Nicolas Sarkozy. Le gouvernement n'existe plus de manière collégiale. On voit des ministres qui apparaissent puis disparaissent. Ils sont réprimandés ou félicités. Le seul gouvernant réel, c'est finalement le président lui-même et, d'ailleurs, il le paye cher puisqu'ayant tout concentré entre ses mains, il concentre aussi les critiques contre sa personne.

Le parlement vote les réformes comme on le lui dit, quand on le lui dit, même si cela ne manque pas de susciter une grogne de plus en plus généralisée au sein de la majorité elle même, voire à l'intérieur même du gouvernement (épisode du vote de la loi sur les OGM par exemple).

Pour ce qui est de la justice, la garde des Sceaux a dit elle-même aux magistrats qu'ils n'étaient pas là pour appliquer la loi mais pour appliquer la volonté des 53% de Français qui ont élu Nicolas Sarkozy pour rénover l'autorité. On voit à quel point la séparation des pouvoirs et le sens même de nos institutions sont menacés. Parce que confondre le peuple français avec une majorité présidentielle de passage, faire passer la volonté d'un homme pour la loi, c'est très inquiétant.

On a également constaté des dérapages par rapport à la laïcité sur laquelle, au fond, les convictions personnelles du président remplacent la tradition républicaine. Il y a une déstabilisation des institutions et des valeurs. De ce point de vue, le fait que Nicolas Sarkozy veuille qu'on réécrive le préambule de la Constitution, qui contient la Déclaration universelle des droits de l'Homme, ne fait rien pour nous rassurer...

Du point de vue du droit social, on constate que, plus l'État pénal augmente, plus l'Etat social régresse. Il y a deux fois plus de détenus qu'il y a trente ans en France. La loi sur la récidive et celle sur la rétention de sûreté ne vont rien arranger, sans parler des sans-papiers et des étrangers. Nous tendons, comme Nicolas Sarkozy y aspire vers le modèle américain avec des lois hyper répressives et une remise en cause profonde de notre modèle social.

Il y a sept ans, il y a eu des rapports parlementaires alarmants sur la situation des prisons françaises. Les gens étaient effarés, y compris ceux du RPR qui parlaient de "honte pour la République". Qu'a-t-on fait depuis ? Nous comptons désormais 63.000 détenus pour 50.000 places. Tous les observateurs étrangers qui sont venus visiter nos prisons ont affirmé que c'étaient des machines à fabriquer de la délinquance. Et la réponse de notre président, c'est que nous allons passer de 60.000 à 80.000 détenus...

Nous voulons sanctionner toujours plus sans s'attaquer aux causes profondes du problème : l'éducation et le manque de lien social. Seulement ces thèmes là ne payent pas électoralement parce que cela prend du temps et coûte de l'argent. A contrario, faire du tout répressif ne coûte rien et cela permet de récupérer les électeurs d'extrême droite. Le discours sécuritaire ne produit pas de sécurité. Il produit de l'insécurité qui permet de ramasser les dividendes électoraux. Le but des politiques sécuritaires n'est pas d'augmenter la sécurité mais de trouver les conditions de récupération de l'électorat d'extrême droite...

LE BILAN INTERNATIONAL

Nous avons vraiment une situation contradictoire. Nicolas Sarkozy avait été très dur envers Jacques Chirac pendant sa campagne. Il nous expliquait, notamment, que son prédécesseur s'était couché devant Vladimir Poutine et que lui serait courageux face au despote. Il a également fait un grand discours aux ambassadeurs en septembre dernier en expliquant que les droits de l'Homme serait au centre de la politique étrangère de la France. Résultat : non content d'avoir rencontré le président Poutine, il a été le seul dirigeant des grandes démocraties à déclaré que les élections législatives russes s'étaient parfaitement déroulées. Ne parlons même pas de l'accueil réservé au colonel Khadafi lorsqu'il est venu à Paris ou du prolongement de la politique de la Françafrique.

Et puis il y a eu tout récemment cet incroyable discours à Tunis où Nicolas Sarkozy a finalement conseillé au président Ben Ali de continuer à torturer et à emprisonner les dissidents politiques parce que cela arrange tout le monde. Nicolas Sarkozy n'est même pas au niveau de George Bush qui a reçu, comme Angela Merkel, le Dalaï Lama. Notre chef de l'Etat est aux antipodes de ce qu'il avait annoncé pendant la campagne présidentielle.

Nous ne demandons pas de faire de l'angélisme, mais il y a des limites à l'indécence. La Chine est un grand marché, certes. Mais la Tunisie ? Si nous ne pouvons même pas dire à un pays comme la Tunisie qu'il doit respecter les droits de l'Homme, on peut se demander à qui nous allons le dire...

La politique atlantiste de Nicolas Sarkozy, ce rapprochement avec le président américain, cette fascination pour le monde outre-Atlantique, marque en revanche une vraie rupture avec la politique de son prédécesseur. Une rupture avec le gaullisme, tout simplement.

LE RÔLE ET LA PLACE DE LA SECRÉTAIRE D'ÉTAT CHARGÉE DES DROITS DE L'HOMME;

Madame Yade fait de la politique depuis vingt ans. Mais il est de plus en plus évident que son rôle est celui de la photo de famille lors de la présentation du gouvernement. Elle représente, avec d'autres, la diversité. Ce qui, en soi, est d'ailleurs une très bonne chose.
Mais constatons les faits : tantôt Nicolas Sarkozy l'oublie à l'aéroport avant de partir (en Chine), tantôt elle l'accompagne à Tunis mais elle n'a pas le droit de parler (en juillet 2007).

Il y a également cette déclaration au moment de la réception du colonel Khadafi ou elle avait expliqué qu'il ne fallait pas le recevoir le 10 décembre, journée des droits de l'Homme, mais le 11. Comme si serrer la main des dictateurs était moins grave le lendemain d'une commémoration symbolique plutôt que le jour même. Tout cela est un peu pitoyable...

La comédienne ne trompe plus personne. Madame Yade est un paravent médiatique. Malheureusement celui-ci ne remplit plus son office puisque tout le monde voit à travers.

Source : Rapport annuel de la LDH, présenté par Jean-Pierre Dubois (Président de la Ligue des droits de l'Homme)

lundi 5 mai 2008

> Réunion du bureau départemental élargi le 9 mai

Une réunion du Bureau Départemental Elargi (BDE 88) se tiendra finalement ce vendredi 9 mai à Epinal à 20h (les membres viennent de recevoir la convocation).

Nous avons aussitôt demandé l'ajout d'un point à l'ordre du jour : étude d'un Règlement Intérieur Départemental.

Cette réunion devrait être l'occasion de mieux définir le cadre dans lequel notre mouvement pourra se développer à l'avenir dans chaque circonscription.

> Consultation Internet nationale pour le projet de Règlement Intérieur National

Les instances Nationales de notre mouvement, libérées des contraintes liées aux Municipales, peuvent maintenant se pencher sur l’organisation du MoDem.

Comme toute association ou organisation digne de ce nom, le MoDem a besoin de se doter d’un Règlement Intérieur National. La mise en place du Règlement Intérieur, doit contribuer à mieux structurer notre jeune Mouvement, et à définir les rôles de chaque responsable et de chaque instances et leurs interactions.

Comme prévu lors de la Convention Nationale des Elus du 26 Avril, le projet de RI est en ligne est peut-être amendé par chaque adhérent. Il est également possible de prendre connaissance des contributions envoyés par certains adhérents et divers groupe de travail.

Voici les différents liens :
Le projet de Règlement Intérieur --> ICI
Les contributions du siège national --> ICI

Si vous souhaitez envoyer vos contributions voici l’adresse mail :
--> reglement-interieur@lesdemocrates.fr

Il est prévu une réunion le jeudi 8 mai, au Siège du Mouvement Démocrate, à Paris, 133 bis, avenue de l'Université, de 14h00 à 18h00. Réunion avec François Bayrou et qui sera ouverte à tous les adhérents, .

Cependant il est à noter que le texte sera proposé au Conseil national du 14 mai et sera adopté par le bureau exécutif du 6 mai. Il nous semble que c'est le Conseil National qui adopte le règlement intérieur sur proposition de l'exécutif et non l'inverse. De plus, il ne peut être « adopté » par le bureau exécutif avant que la réunion avec François Bayrou n'ait lieu le 8 mai !... Il doit s'agir d'une perle...

En tout cas, quoi qu’il en soit, pour ceux qui sont tentés, bonne contribution !

dimanche 4 mai 2008

> Un an sous l'ère Sarkozy

Moins d’un an après l’élection de Nicolas Sarkozy, les français ont massivement accordé leurs suffrages aux candidats de gauche lors des municipales de mars 2008. Les électeurs seraient-ils versatiles ? Faut-il désespérer de la démocratie ? Une relecture des événements conduisant à la présidentielle de 2007 fait apparaître d’autres éléments d’explication.

Prenant en compte les résultats des municipales, et les différents sondages publiés par différents journaux, il semble planer comme un soupçon d’illégitimité, ceci malgré la régularité de cette élection et le taux de participation de 84%. On peut s’interroger sur notre système politique, qui semble arriver à bout de souffle, ne proposant aux électeurs que des candidats conformistes, imposés par les institutions et les grands partis. Or cette loi s’applique même lorsque l’ « offre » est médiocre... Il en résulte une question concernant les présidentielles de l'an passé : Comment deux personnes manquant autant d’envergure politique ont-elles pu accéder au deuxième tour des présidentielles avec un tel vide d’idée et l’absence de projet politique digne de ce nom ?

En fait elle révèle dans son déroulement le véritable vainqueur de ce scrutin : le bipartisme. Une UMP qui ne peut exister sans le PS et un PS qui ne peut se passer de l’UMP ; ils se légitiment ainsi réciproquement, captant la colère des électeurs plus que leur adhésion à chaque élection. Il est évident que des divergences de fond existent au sein de ses deux machines électorale ; mais les tendances se taisent, bien conscientes que dans nos institutions, seul un grand parti fort est nécessaire à la prise de pouvoir. L’UMP et le PS ne sont finalement que deux énormes machines à prendre le pouvoir, peu importent les idées. On taquine l’émotivité de l’opinion publique, à grands coups de sondages, d’images d’insécurité, et de « peopolisation » ; ceci au dépend des questions de fond, c'est-à-dire celles qui devraient permettre aux électeurs de se prononcer…

Durant des années, le Front National a servi de repoussoir visant à discipliner les électeurs, et 2002 en a révélé tout sa portée et ses conséquences. Bien que loin d’être aussi effrayant, le MoDem n’en vit pas moins fondre sur lui les foudres du système politico-médiatique. L’impératif étant de préserver ce bipartisme, si confortable pour tout le monde, et donc de placer la gauche au second tour et imposer l’élimination de l’intrus MoDem.

Aujourd’hui l’opinion publique a beau jeu de contester les décisions et certaines réformes maladroites, la réponse est cinglante, « c’était dans le programme du candidat Sarkozy ». L’argument est irréfutable, dans un système où le président est élu au suffrage universel, et où cette élection agit comme une approbation de fait.

Le bipartisme implique une versatilité des électeurs, et le PS aurait bien tord de se creuser les méninges à se chercher une cohérence politique : en 2012, il fera sa récolte de mécontents, tout en tapant sur la troisième voie proposée par François BAYROU et aidé en cela par l’UMP.

A nous de dénoncer et de démonter ce système, de le révéler à nos concitoyens tout en construisant une alternative crédible.

> "Écologie état d’urgence" et accords de Grenelle

C’était un des axes majeurs du programme de François BAYROU, mettre en œuvre le pacte écologique de Nicolas Hulot. Concernant les OGM, cet axe écologique prévoyait un moratoire, un débat public appuyé par des expertises indépendantes pharmacologiques, et sur l’Académie des Sciences. Et enfin permettre au parlement de se prononcer sur les OGM. Certes le Parlement s’est prononcé, mais pas de débat public digne de se nom, pas d’expertises contradictoires, François BAYROU avait par ailleurs indiqué qu'il allait voter contre ce texte, finalement il a été adopté à une courte majorité (249 voix contre 228).

Les principes sur lesquels doit reposer la loi sur les OGM sont précisés dans l’engagement no136 du Grenelle, qui prévoit : responsabilité, précaution, transparence, libre choix de produire et de consommer sans OGM. Transmise au Parlement par le gouvernement en décembre dernier, la loi sur les OGM a suscité de vifs débats. Aujourd’hui, le processus législatif touche à sa fin : l’essentiel du texte est adopté, seul l’article 1er pourra encore être modifié lors de la dernière lecture à l’Assemblée nationale les 13 et 14 mai prochain

Qu’en est-il aujourd’hui ? L’article 1er, qui a suscité des débats houleux, touche un des enjeux essentiels de la loi : garantir la possibilité de produire et de consommer sans OGM. Il s’agit de protéger l’agriculture qui fait la réputation de la France, celle des terroirs et des produits de qualité, arguments cette réputation que Nicolas SARKOZY n’avait d'ailleurs pas manqué de défendre à l’occasion du salon de l’agriculture. Les amendements des députés Chassaigne et Grosdidier ont fortement renforcé cet aspect de la loi.

Par contre, elle s’avère insatisfaisante sur la question de la responsabilité (article 5). En cas de contamination, qui sera responsable et de quoi ? Selon la loi, ce sera principalement l’agriculteur produisant des OGM. Le problème est qu’il ne sera pas toujours facile de déterminer de quel champ proviennent les OGM à l’origine de la contamination... Par ailleurs, le texte prend surtout en compte les préjudices économiques. Qu’en est-il des dommages environnementaux ou moraux ? L’agriculteur biologique dont la récolte est contaminée ne perd pas que de l’argent...

Quelles sont les enjeux pour les mois à venir ?
- D’abord, concernant l’article 1er de la loi il ne doit pas être modifié par les députés dans le sens d’un amoindrissement de la protection des cultures sans OGM.
- La transcription de la loi par décret : comment les cultures sans OGM seront-elles concrètement protégées.
- La composition du haut conseil des biotechnologies. Composé d’un comité scientifique et d’un comité économique, éthique et social. Il aura notamment pour mission de rendre des avis sur les autorisations de mise en culture de nouveaux OGM. Son rôle sera donc essentiel.

Il est à noter la dissonance gouvernementale dans cette affaire. François BAYROU a très justement soutenue Nathalie KOSCIUSKO MORIZET, dans sa volonté de dénoncer « un concours de lâcheté et d’inélégance » vis-à-vis de ses propres « amis » au sujet du texte, et visant par là son Ministre de tutelle Jean Louis BORLOO et Jean François COPE, lui-même président du groupe UMP à l’Assemblée.

Nous voilà donc avec un texte de loi voté par l’Assemblée et le Sénat et qui ouvre sans doute la boite de Pandore. Comment dans une démocratie, peut-il y avoir des pressions plus fortes que celle liée à la volonté d’une majorité de Français ? On voit les dangers d’une trop grande concentration (dépendance ?) des pouvoirs : l’opinion publique seule ne suffit plus, elle ne pèse plus rien face aux enjeux économiques et à la pression des multinationales. Le citoyen est spectateur et peut-être demain victime. Il peut voir ce qui a été voté certes, mais il ne peut pas agir pour faire valoir sa volonté, y compris lorsqu'elle est majoritaire dans le pays...