dimanche 4 janvier 2009

> Moins de remboursement de frais pour les plus fragiles


Depuis le 1er janvier, nombre de familles découvrent que les frais de transport des personnes handicapées entre leur domicile et le centre où elles reçoivent des soins sont désormais moins remboursés. Jusqu'à présent prises en charge par l'assurance-maladie, ces dépenses sont aujourd'hui intégrées dans un nouveau dispositif : la prestation de compensation du handicap (PCH). Seul problème : celle-ci est plafonnée à 200 euros par mois alors que les seuls frais de taxi peuvent dans certains cas être bien supérieurs lorsque le handicap nécessite plusieurs séances de soins par semaine, et en particulier dans notre circonscription où les infrastructures spécialisées ne sont pas forcément toutes proches.

Certes, cette modification n'est pas une surprise : elle figure en toutes lettres dans un décret paru en février 2007, antérieur à l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Élysée. Le gouvernement actuel n'est responsable que de sa mise en oeuvre. Conscient des difficultés, il a constitué un groupe de travail piloté par la direction générale de l'action sociale. Mais, pour le moment, les travaux de celui-ci sont au point mort.

Difficile de ne pas établir un parallèle entre ces décisions prises au détour d'un décret, presqu'en catimini, sans concertation préalable et la réaction pour le moins affligeante du Parquet à la suite de la mort d'un patient décédé le dimanche 28 décembre à Paris, après la vaine recherche d'un lit en réanimation dans les hôpitaux d'Ile-de-France : "Si on avait trouvé une place, ça n'aurait pas changé les choses (...). Il y avait peu de chances de le sauver." Que d'humanité ! Difficile également de ne pas rapprocher cette gestion, purement comptable, de la santé des voeux de Nicolas Sarkozy, affirmant, le 31 décembre, qu'il ne laisserait "pas les plus fragiles se débattre seuls dans les pires difficultés".

La France découvre qu'elle n'a pas (plus ?) les moyens de ce qu'elle pense devoir faire pour les plus malades, les plus vieux, les handicapés, les plus fragiles. On ne peut pas nier que 1000 euros par mois de frais de taxis à la charge de la collectivité, c'est énorme. Cela s'ajoute au cout des soins palliatifs,à celui des innovations médicales de toute espèce, à l'accroissement du montant des retraites du fait de l'allongement de la durée de vie... Les choix sont douloureux alors on les fait en silence... Et sans garantie d'équité...

Que l'assurance-maladie doive réaliser des économies n'est pas contestable. C'est même une question de survie du dispositif. Que cela demande des efforts à tous, y compris peut-être aux familles de handicapés, peut se discuter. Mais appliquer mécaniquement des décisions si lourdes de conséquences pour certains des plus démunis des Français n'est pas acceptable. Et tenir le soir des voeux du Nouvel An des propos si rapidement démentis par les faits risque de décrédibiliser encore un peu plus la parole politique. C'est d'ailleurs probablement le plus grand reproche que l'on peut faire au système Sarkozy : les contradictions, entre ce qui est promis et ce qui peut réellement être tenu, dans un pays en crise, où les moyens diminuent. Il faudrait avoir le courage de dire simplement et honnêtement la vérité. Ce qui implique de reconnaître les limites de l'action politique. La vérité coûte cher, mais moins que l'illusion entretenue...

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