lundi 5 novembre 2007

> Taxe carbone et prix du baril

Depuis quelques jours, le prix du baril de pétrole atteint des sommets inégalés. La barre fatidique des 100 dollars sera vraisemblablement atteinte sous peu.

Jusqu'à maintenant, l'euro fort nous avait épargné les conséquences "directes" de cette flambée. Mais cette "protection" a une limite... Progressivement nous la découvrons, lorsque nous passons à la pompe...

Et ce n'est probablement qu'un début. Beaucoup de professions sont très directement liées au prix des hydrocarbures. Pour des raisons économiques, beaucoup (individuellement, familialement, professionnellement) ont fait le choix d'une très (trop ?) grande dépendance de l'énergie "pétrole" : Dans notre circonscription, on peut, par exemple citer l'agriculture, la boulangerie, les différents métiers de vente directe (nécessitant des déplacements), les métiers des travaux publics, les transports, etc. La liste est loin d'être exhaustive, car il est rare qu'une profession ne dépende pas directement ou indirectement de déplacements par la route. Probablement davantage dans nos vallées qu'ailleurs, car, à l'exception du TGV, le "revers" du décor géographique envié dans lequel nous vivons, est la quasi absence de transports en commun. Nous prenons tous plus ou moins notre voiture pour (aller) travailler. Et ne parlons pas des nombreuses habitations (encore) chauffées au fuel, pour combattre le dur climat vosgien.

Bref, nous l'avons tous compris : l'augmentation sans précédent du prix du pétrole va rapidement nous coûter à tous.

Quelques commentaires s'imposent… D'abord, aujourd'hui ou demain, la hausse du pétrole est inévitable, en raison de la juxtaposition des besoins mondiaux en pleine croissance avec la taille des réserves qui, elles, sont en diminution.

Ensuite, n'oublions pas qu'il y a quelques jours, lors du médiatique "Grenelle de l'environnement", parmi les pistes à l'étude, a été évoquée l'instauration d'une taxe carbone. Inévitablement, cette instauration, si elle devait voir le jour, aurait eu des répercussions similaires. Certes, elle aurait du permettre, par la suite, une redistribution de l'argent récupéré pour le financement d'investissements vers d'autres sources d'énergie, moins polluantes. Mais au delà de ce "retour financier" ultérieur, une taxe carbone aboutirait avant tout à une hausse des coûts de tout ce qui dépend des énergies hydrocarbures.

Au vu de la situation actuelle, cette démarche verra-t-elle finalement le jour ? Rien n'est moins sur ! Quel gouvernement aura(it) le courage de "sanctionner" encore davantage celles et ceux qui subissent déjà de plein fouet la hausse actuelle des carburants ? Il est bien regrettable, une fois encore, que par manque de lucidité (courage ?) politique, aucune démarche fiscale n'ait pas été mise en place depuis plusieurs années, par anticipation. Cela aurait à la fois permis de se tourner plus tôt vers des énergies moins polluantes, et de faire moins fortement ressentir les conséquences de la diminution des ressources hydrocarbures, en un mot de mettre en place une politique de moindre dépendance énergétique du pays, bénéfique aux générations actuelles et à celles à venir.

Enfin, difficile de passer sous silence une éventuelle « modulation » par la TIPP de la flambée « à la pompe ». L’impossibilité gouvernementale actuellement affichée (« les caisses sont vides ») pose le problème des choix politiques et des millions d’euros de recettes dont le gouvernement a décidé de se priver cet été, via les « cadeaux fiscaux » aux plus riches…

Le constat est aujourd'hui bien "amer" puisque nous allons d'abord devoir "encaisser", individuellement et collectivement le surcoût de l'augmentation pétrolière, puis, dans un second temps, financer, probablement sans véritable aide gouvernementale nouvelle, l'investissement progressif vers d'autres sources énergétiques.

Chacun devra prendre résolument son destin en main, alors qu'à l'image d'autres pays voisins plus prévoyants, nous aurions pu anticiper plus tôt, et à moindre coût. Gageons que cette expérience malheureuse servira de leçon et qu'à l'avenir, nous ne refuserons pas de "regarder devant" : "prévoir" est toujours plus facile que "subir", surtout lorsque les échéances sont inévitables !

Gérard MICHEL

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Gérard, je viens de découvrir ton blog et je tiens à réagir sur cette fameuse hausse du prix du pétrole.
Certes, nous devions de toute façon arriver un jour ou l'autre à de tels prix, néanmoins le gouvernement devrait faire un petit effort, au moins temporairement, pour montrer que la promesse de N.Sarkozy de donner du pouvoir d'achat aux français n'était pas un mensonge ! Car pour le moment les seuls à gagner du pouvoir d'achat sont les grosses fortunes...qui de toute façon dépensent davantage à l'étranger !
Le petit contribuable paye déjà 60 à 70 % de taxes sur son carburant, sans parler des futures franchises médicales et de la hausse continue des prix de l'alimentaire.
Mais il est vrai que les caisses de l'Etat sont vides et que le gouvernement a besoin de réaliser des choses indispensables comme les conseils des ministres en Corse,en Alsace et bientôt dans les Dom-Tom, sans parler du ministère du logement déménagé quelques jours à Lyon, etc...
Au lieu de cela, Madame Lagarde se moque purement et simplement des français en déclarant que l'on n'a qu'à utiliser davantage le vélo !
On voit bien qu'elle ne doit pas en faire souvent...même Nicolas n'a plus le temps d'en faire !!!

Ma seconde remarque, plutôt axée sur l'écologie touche les transports, et plus spécialement les camions, gros consommateurs de carburant. Pourquoi ne cherche t'on pas une bonne fois pour toute une alternative à cette nuisance que représente le transport routier (en matière de sécurité, d'agrément et bien sur d'environnement)?
Il serait bon de se pencher sur la question.

A mercredi soir à la réunion de Remiremont et longue vie à ton Blog !

J.Charles a dit…

Bonjour,



Payer une taxe carbone pourquoi pas, mais à condition de reconsidérer la TIPP pour les ménages, car celle-ci pèse déjà bien lourd dans le budget et ce sont bien les consommateurs qui au bout de la chaine supportent toutes les conséquences directes et indirectes de l’envolée du prix du baril. Comme vous, je ne pense pas qu’une taxe supplémentaire n’arrangera rien, force est de constater, que dans des régions comme les nôtres cette taxe plomberait considérablement l’économie, ne serait ce qu’au travers de la mobilité travailleurs et des demandeurs d’emploi, qui sont aujourd’hui dans l’obligation de prendre en compte le cout de leur déplacement pour se rendre à leur travail, travailler risque de devenir un luxe…



Comme vous le signalez justement la démarche fiscale a bien été mise en place au travers de cette fameuse TIPP, mais elle n’a servi qu’à compenser des dépenses qui aurait effectivement étaient mieux utilisée dans la recherche de nouvelles sources d’énergie. Enfin, si effectivement cette taxe carbone devait être mise en application, que celle-ci soit utilisée pour taxer le superflu ; les véhicules de grosses cylindrées (non indispensables et gros consommateurs de carburant), mais aussi pourquoi pas certains produits d’importations qui ne sont pas de première nécessité qui souvent proviennent de pays qui ne s’encombrent pas de normes environnementales et dont le transport jusqu’à nous, a un impact écologique fort ; et enfin il faut bien en parler, le transport routier, car nous ne pouvons que constater un trafic de plus en plus important, on peut faire l’expérience en traversant notre pays sur un axe Lille Marseille on constatera une autoroute chargée de PL celle-ci longe des voies de chemin de fer sur lequel ne circulent que des TGV, alors plutôt que de vouloir taxer encore et toujours les mêmes, imposons déjà le ferroutage pour au moins les PL en transit et mettons en place des mesures incitatives en taxant plus fortement le transport routier via des péages routiers et autoroutiers spéciaux pour les PL.



Et surtout il faudrait acesser ces discours visant à culpabiliser en permanence les « usagers obligés » de la route, j’ai en effet encore entendu ce matin notre ministre de l’économie conseiller au « petit peuple » de ne prendre sa voiture qu’en cas d’absolu nécessité, et là on ne peut que constater, soit une méconnaissance de la question, soit une maladresse, car lorsque l’on vit en province, je n’aurais qu’une chose à lui dire ; Madame le ministre, si vous suivez les préceptes de votre président qui souhaite que les Français travaillent plus pour gagner plus, ne démobilisez pas les bonnes intentions, et faites en sorte que ceux ci ne soient pas dans l’obligation de payer plus pour simplement travailler …

Cordialement.

Unknown a dit…

Petit complément d'information sur la TIPP... Cette taxe représente environ 75% du prix du carburant payé à la pompe. En clair, plus le prix de base du carburant est élevé, et plus l'Etat engrange de recettes (à volume constant acheté). Donc si on imagine, réflexe naturel, que, pour conjurer l'augmentation du prix au litre, le consommateur va essayer de limiter sa consommation , l'Etat risque alors de voir ses recettes diminuer. Donc si l'Etat veut continuer à enregistrer les recettes escomptées avec un carburant à prix moyen (et à fort volume consommé), il n'a pas d'autre solution (malgré les beaux discours) que de miser sur une envolée des prix qui permettra de "compenser" la baisse de volume... Pensons-y !!