vendredi 4 juillet 2008

> Du pétrole dans les asperges…

L’INSEE vient d’annoncer jeudi dernier son inquiétude sur le taux de croissance économique de notre pays pour cette année. Sans vouloir entrer dans un déballage de chiffres, pas toujours faciles à lire et analyser pour le commun des mortels, il apparaitrait en fait que le pouvoir d’achat va devoir stagner assez durablement… La hausse des prix à la consommation resterait forte, de l’ordre de + 3,2 % pour l’année avec même un pic à + 3,6 % en juillet ! Bref un niveau d’inflation inobservé depuis 1991 !

Dans la morosité générale qui règne actuellement, l’INSEE commence à se faire mal voir par Bercy et Matignon ! Madame Lagarde a beau juger les prévisions « exagérément pessimistes », il n’empêche que la promesse électorale de Nicolas Sarkozy, se voulant être le “Président du pouvoir d’achat ”, est encore mise à mal !
Les carburants et les produits alimentaires sont les principaux responsables de cette inflation des prix, et aucune mesure gouvernementale concrète ne semble se dessiner à l’horizon…

Concernant les produits pétroliers, Monsieur Fillon a déclaré, la semaine dernière lors d’une visite en Alsace, que baisser le prix des carburants serait un « contresens historique », qu’il ne faut pas encourager à la consommation d’hydrocarbures. Cependant, le Chef du Gouvernement oublie de préciser que la hausse a été pour le moins brutale et que les 74 % et 67 % de taxes, respectivement sur l’essence et le gazole, lui sont précieuses… L’or noir n’a jamais aussi bien porté son nom !

Pour l’achat des produits alimentaires, il est clair que nous devrons, tôt ou tard, modifier notre comportement. Nous ne pouvons pas d’un côté nous résoudre à faire des efforts sur notre consommation de carburant, et d’un autre laisser “ inonder ” nos étals de fruits et légumes à faible coût de revient, mais grands consommateurs d’énergie. Les produits de “contre-saison ”, venant parfois de l’autre bout du monde, présentent en effet, en plus d’être gustativement de mauvaise qualité, l’inconvénient de dépenser du carburant en grande quantité pour arriver sur nos marchés. Sans parler des cultures sous serres en plein hiver, comme les tomates de Hollande par exemple. Monsieur Fillon pourrait alors parler de « contresens gastronomique » !
L’organisation mondiale WWF a d’ailleurs récemment démontré que pour acheminer au mois de février, jusqu’en Europe une botte d’asperges du Pérou, il fallait brûler environ 5 litres de pétrole…

Aujourd’hui pour répondre à ce problème de pouvoir d’achat des denrées alimentaires, des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), se développent. Il s’agit en fait d’un partenariat basé sur un engagement mutuel entre une ferme, souvent biologique, et un groupe de consommateurs. Ces derniers soutiennent l’exploitation en achetant individuellement à l’avance une part de la récolte saisonnière. Ce soutien sert à couvrir le budget de la ferme et la rend opérationnelle.

Il serait bien de créer et soutenir davantage d’organisations de ce type, comme celles qui existent déjà à Gérardmer, en Déodatie ou à Senonges, surtout que notre département des Vosges concentre 51 % des 234 agriculteurs bio que compte actuellement la Lorraine !

Comme l’on dit souvent, en France on n’a pas de pétrole mais des idées… et quelques bonnes asperges aussi !

1 commentaire:

Julien Perrin a dit…

Merci pour cet excellent article, la consommation de produits locaux est effectivement une clé pour beaucoup de problèmes actuels. On peut citer en plus des AMAP le réseau COCAGNE qui est très actif sur Thaon-les-Vosges et qui alimente pas loin de 600 foyers en légumes bio locaux en faisant travailler plus d'une soixantaine de personnes.